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Des petites histoires de l'art :

  • Lyla Ferraris
  • 10 sept.
  • 3 min de lecture


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L'affranchie de Montmartre. La véritable histoire de Suzanne Valadon ; Jean-Paul Delfino.



Certains destins semblent tout droit sortis d'un roman. De la réalité ou de la fiction, que reste t'il ?

La vie des artistes inspirent la plupart du temps par leur côté extra-ordinaire. Il en est ainsi de Suzanne Valadon...


De Suzanne Valadon je ne connaissais pas grand chose. J'avais vu certaines de ses toiles au Musée de Montmartre mais je n'ai pas le souvenir de l'avoir étudié à la Fac pendant mes études d'histoire de l'art et encore moins lors de la préparation du CAPES et de l'Agrégation d'Arts plastiques. Son oeuvre m'était aussi inconnue que sa vie. Et bien que le musée ait reconstitué son atelier, j'ose dire que je n'ai pas été marquée par son oeuvre lors de ma visite.


Et pourtant... Suzanne Valadon fut une figure importante de la libération picturale du XXe siècle en France. N'appartenant à aucun courant académique ou non-académique de l'époque, elle a peint une vérité brute, colorée, expressive, reflet de sa vie et de ses expériences dans le cercle artistique de Montmartre en 1900.


Fantasmes, mythes, réalités, La véritable histoire de Suzanne Valadon retrace avec beaucoup de saveur la vie de cette "Affranchie de Montmartre". À une époque où les femmes doivent se battre pour être libres de créer, où peindre et sculpter est réservé à l'élite masculine, Suzanne s'autorise. Elle dessine, elle peint. Elle ose s'affranchir des codes en basculant de modèle à peintre, du jamais vu. Elle n'est plus seulement au service du peintre, elle devient peintre.


Sa vie amoureuse, tumultueuse, inspirante ou choquante, c'est selon, rythme son existence. Il est toujours tentant de plonger dans les romans biographiques et de s'attacher au personne dépeint par l'écrivain. Ici Suzanne est une femme de caractère, libre, sensuelle, séduisante, séductrice, passionnée et passionnant avec une vie sexuelle libre voir libertine. Jean-Paul Delphino, avec une plume puissante et acerbe, nous fait rencontrer une personnalité hors norme, en pleine puissance de son pouvoir ; parfois dépassée par le comportement des hommes ; souvent par celui de son fils ; mais toujours capitaine de son navire.


Dans le roman, Gazi est son amant, quand on lit ailleurs qu'il était comme un fils adoptif et que leur relation se fondait sur le partage de valeurs spirituelles, artistiques et sacrées. Dans l'ouvrage elle se fiche de la réhabilitation du culte de Notre-Dame de Montmartre, quand ailleurs on lit qu'elle fut une figure importante pour sa réhabilitation.


Si l'auteur nous précise qu'"aussi incroyable que puissent paraître certains passages tout est vrai." Il rappelle néanmoins "Du moins aussi vrai que possible tant les versions données par la principale intéressée se contredisaient ou se complétaient, à la convenance de la narratrice". Je ne peux m'empêcher de faire un pas de côté et d'aller voir d'autres sources pour me faire une idée plus personnelle et moins tranchée de Suzanne, en tant qu'artiste et en tant que femme.


Ceci étant dit, je recommande vivement la lecture de ce roman biographique si vous avez envie de plonger dans une autre époque et de vous immerger dans la vie d'une artiste au début du XXe siècle à Paris. Pour peu, on prendrait bien un verre avec Suzanne en 1938, pour discuter avec elle de la vie à Montmartre. On l'écouterait volontiers narrer ses aventures, sa jeunesse, sa maturité, la découverte de son art, l'évolution de son oeuvre, ses amours, sa situation avec son fils Maurice Utrillo.

Il y a une justesse d'écriture entre dialogues et narration qui rend la lecture agréable, comme un mini film qui se déroule au fil des mots.


Je ne sais pas si Suzanne était aussi caractérielle et aussi expressive dans ses mots - c'est le parti pris de l'auteur - mais cela la rend attachante et illustre son caractère et sa vie qui se voulaient libres et authentiques.


Ces mots-là, bien à elle, resteront dans ma mémoire : "Mon oeuvre ? Elle est finie, mon oeuvre, et la seule satisfaction qu'elle me procure est de n'avoir jamais trahi ni abdiqué rien de tout ce à quoi j'ai cru. Vous le verrez peut-être, un jour, si quelqu'un se soucie jamais de me rendre justice." (Suzanne Valadon, Un monde à soi, Catalogue de l'exposition, Centre Pompidou-Metz, 2023).



Merci à Jean-Paul Delfino de m'avoir fait (re)découvrir Suzanne Valadon. J'espère que ces quelques mots vous auront donné envie de plonger dans la lecture de livre formidable, comme l'ouvrage m'a donné envie de connaitre encore plus cette artiste libre de Montmartre.


Merci à vous chers lecteurs de m'avoir lu jusqu'au bout.

A très bientôt


Lyla




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